• Tu sais, j'espère que tu ne m'en voudras pas, de dire tout ce que ce je vais te dire là, maintenant. Ce n'est pas contre toi, bien sûr. C'est plutôt moi, et mon corps de muraille. Que j'aimerais rejeter, démolir. Cette façade indestructible, polie, entretenue. Mais pourtant, ma forteresse n'a pas suffit. Il y'a malgré tout une personne qui a réussit à pénétrer là où personne n'a jamais su, ni même jeter un œil furtif. Ou bien ils en sont ressortis aveuglés. Tu vois, ce n'est donc pas un reproche, je suis contente que tu ne sois pas entré en moi, que tu sois resté dans l'obscurité de mon ombre. Tu vois, cette personne, elle m'a d'abord frôlé, lentement. Elle a joué avec simplicité, un peu de douceur. Elle jouait avec moi en transparence. Si elle a joué avec délicatesse, en fait, c'était dans l'unique but de repérer ce point sensible. Un minuscule, tout petit, de rien du tout de faiblesse dans ma prestance cimentée. A cette époque, je me forgeais seulement. Le béton n'avait pas encore tout à fait durci. Mais la machine était en marche. D'où les imperfections, d'où ce creu, d'où cette personne. Elle a d'abord passé l'extrémité d'un ongle curieux, par-dessus, juste pour toucher. C'était un peu comme une caresse. Ensuite, cette personne à commencer à agrandir ce néan, lentement, ca aurait pu être agréable. Oui, tu vois, j'ose te le dire à toi, ca aurait pu être agréable, de se perdre. La main d'un être proche, contre soi, comme un manteau de velours qui nous enveloppe, juste pour faire fondre la glace. Dans mon cas, ça n'a pas suffit. J'étais de bois, tout en étant un bloc béton, avec des dents de ciments, des mains métallisées, un sourire d'acier, prêt à assouvir tous les doutes qui se mettraient sur mon passage. J'étais comme une citerne vide, avec un cœur de pierre. J'étais cette citerne, vidée de par le petit trou, ce petit trou fait par cette personne. Tu me suis ? Eh bien...Tu vois, ce que je suis à présent, je le suis devenue autrefois, il y a presque 10 ans maintenant. Elle m'a percée, baissant ma garde, se jouant de moi. Nous étions du même sang, et moi j'étais encore naïve, bien trop naïve. J'ai fais confiance pour la dernière fois, ce jour là. Cette personne, devenue « il » a gratté par de petits coups répétitifs, d'abord comme pour enlever une croute, une masse considérable de croute, pour apercevoir la plaie qui s'y cache en dessous et ensuite, il s'est mis à frotter de plus en plus fort, il en était plein les mains, de ma chair. Je m'évaporais sous ses gestes. Ses coups me démolissaient, j'étais comme des kilos de cailloux étalés sur le sol. Et lui, il était le maillet qui me cognait. Voilà, j'aurais voulu te dire que la personne qui est entré en moi cette fois là m'a remplie de joie, d'amour, que cette personne fût mon premier amour. Mais non. Il s'agit simplement de cette personne. Toujours ce « il » sans prénom, sans voix, mais avec ce regard, que je n'oublierais jamais. Et ce visage sans âme, comme si tout était normal. Il était fourbe, il l'est toujours. Il est entré, il a tout pris, il m'a vidé, il s'en est allé. Parti, et moi dans l'oubli. Mon frère. Voilà, voilà l'histoire. Qui n'en n'est pas une. Voilà, maintenant, lorsque tu t'interrogeras sur moi, quand tu te demanderas pourquoi, mais bon sang, pourquoi est-elle aussi vide, aussi pâle et sans vie, eh bien tu sauras. Et le silence, il ne restera que ça. Du silence autour de nous.


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